le saviez-vous ? « Handicap au cinéma 3 : Comédie et ressorts comiques »
publié le 12 avril 2017
- Thème : culture du handicap
- Type d'ouvrage : culture du handicap
Après le cinéma fantastique et le film dramatique, terminons notre parcours cinématographique avec la comédie.
De la même manière que le cinéma fantastique, la comédie existe depuis le début du cinéma. C’est effectivement un genre qui se prête aux formes courtes, très majoritaires pour les premiers films, et qui se passe aisément de son. Les premières comédies sont donc des gags visuels très courts, à l’image de L’arroseur arrosé, réalisé en 1895 par Louis Lumière, considéré comme un des premiers gags de l’histoire du cinéma.
Le gag visuel a ainsi recours à toute sorte de situations burlesques. Les personnages handicapés y sont représentés au même titre que n’importe quel autre personnage et le handicap sert de déclencheur au gag (par exemple : une personne aveugle qui a perdu sa canne et qui se cogne). Ce type de comédie tire des particularités de chaque personnage une raison de farce : un petit, un moustachu, un chauve … le traitement du handicap à ce moment-là n’est donc pas forcément exceptionnel.
Dans les comédies qui se développent par la suite, on note malgré tout que les personnages en situation de handicap ont bien souvent un rôle de faire-valoir ou de ressort comique et que le rire est suscité à leurs dépens. A l’image de la femme ou des minorités au cinéma pendant de très longues années, le personnage en situation de handicap est souvent un second rôle, servant surtout à mettre en valeur les qualités du personnage principal ou à apporter une touche d’humour par son comportement. Cette fonction se retrouve même dans des films qui ne sont pas des comédies, c’est le cas par exemple avec Bernardo, le valet muet de Zorro dans la série de films qui débute dès 1920.
On voit aujourd’hui l’émergence de nouvelles comédies populaires dans lesquelles la place du handicap est toute différente : Intouchables en 2011, La Famille Bélier en 2014 ou encore Patients, en 2017. Les personnages en situation de handicap ont ici le premier rôle, certaines problématiques propres à leur handicap sont abordées.
Le handicap se fait ainsi plus visible et son image se démocratise : le thème sort du seul cadre des films plus confidentiels pour s’imposer dans le cinéma grand public.
Bien qu’il reste relativement consensuel, le regard porté sur le handicap dans ces comédies change : l’humour émane directement des personnages en situation de handicap, cherchant parfois à provoquer, ou teinté d’humour noir.
On rit avec ces personnages, et non plus d’eux. Le handicap n’est pas non plus montré comme une simple destinée tragique : ces nouvelles comédies sortent de la tendance misérabiliste et ne cherchent pas à susciter la pitié comme c’est le cas dans certains films dramatiques.
On voit donc depuis quelques temps le regard sur le handicap changer, dans la comédie comme dans les autres genres cinématographiques, y compris dans le cinéma grand public.
Le cinéma reflète une vision du monde véhiculée par la société. A l’inverse, par leur dimension populaire et par leur omniprésence, les films ont une influence sur l’image du handicap dans la société, ils contribuent à en perpétuer les stéréotypes ou à les remettre en question.
A travers ces trois genres choisis pour ces articles : le fantastique, le drame et la comédie, et de façon non exhaustive, on a pu constater l’évolution de l’image du handicap au cinéma. Les personnages en situation de handicap ne sont pas forcément plus présents dans les films aujourd’hui qu’aux débuts du cinéma, mais c’est la façon dont ils sont représentés qui a changé, et le fait que les films les plus grand-public s’en emparent de cette manière en atteste.